L’espérance est déliée…

Une immense Bonne Nouvelle résonne en cette aube pascale, elle court dans les couloirs de l’univers à la rencontre des hommes et des femmes : « Christ est ressuscité, il est debout, vivant. »  La terre qui a accueilli le grain de blé, donne son fruit !  

Un feu lumineux a embrasé la nuit. C’est un feu qui ne peut s’éteindre. Il éclaire désormais la vie de tout homme qui veut bien se laisser éclairer et réchauffer par cette flamme !  Elle est finie la  nuit du tombeau. Elle est ouverte la route des hommes, elle conduit jusque dans l’éternité.

Dans le Jardin de la Résurrection, l’ange dit au monde entier : « vous cherchez Jésus le Nazaréen, celui qu’on a qu’on a crucifié ? C’est bien ici qu’on l’avait mis, mais il est ressuscité, il n’est plus ici. Allez dire à ses frères, qu’il vous précède en Galilée : là vous le verrez comme il vous l’a dit. »

« Allez dire… » Allez porter la Bonne Nouvelle à toute la création. Cette Bonne Nouvelle de la Vie est la graine à semer dans le monde, en son temps, elle germera dans tous les domaines de l’activité humaine…et elle offrira beaucoup de fruits.

« Allez dire…. » La Parole est le ferment qui transformera l’histoire humaine.

« Allez dire … » sur les chemins de votre vie… devenez des témoins, des êtres de rencontre, 

quittez les frontières de votre « moi » pour entrer loin dans la terre promise des relations humaines. C’est tout un voyage. 

« Allez dire… » faites sauter les serrures de vos enfermements, proclamez la Bonne Nouvelle par vos paroles, vos gestes, vos regards, dans le face à face de rencontres vraies et heureuses.

Le Christ lui-même n’a cessé de parcourir les chemins des humains pour les relever, leur rendre la vue, l’ouïe, la marche, leur dignité… Il nous dit : « comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie. »

« Allez dire…» qu’il est des matins de printemps qui viennent à bout des longues nuits d’hiver, d’enfermement, de surdité ; qu’au-delà des longs silences du refus, il y a aussi le temps lumineux de la vérité…

« Allez dire… » que nul n’est jamais seul sur sa route, que le Ressuscité connaît nos détours humains et nous retrouve toujours pour marcher avec nous, quelle que soit notre peine, notre misère, notre désarroi, notre déception. Sur nos chemins d’Emmaüs, il est là, il nous dit sa Vie, il nous ouvre les yeux et nous donne le pain de la route… Il nous donne rendez-vous dans la Galilée de notre vie là où notre histoire avec lui a commencé. Il pose sur nous son regard et nous appelle par notre prénom. Ne cherchons pas ailleurs que là où nous pouvons le trouver, au cœur même de notre aujourd’hui.

Désormais, le dernier jour est le premier. L’espérance est déliée, elle prend racine sur l’arbre de la croix, elle fleurit pour le monde entier.

Ghislaine Renson

Une icône recontextualisée pour aujourd'hui

Source : inconnue

Il semble qu’elle représente un médecin entouré du saint médecin et archevêque de l’église orthodoxe, saint Luc (ou Lukáš) de Simféropol (9 mai 1877-11 juin 1961 (à gauche), la Vierge Marie et le Christ.

A travers ce médecin, on pense à tous les soignants d’aujourd’hui …

La Speranza

Sœur Olivia, de la congrégation des Religieuses de Marie Immaculée, vit à Milan. Elle partage, à travers ce message, une belle réflexion sur le chemin d’espérance qui mène à Pâques.

Elle a publié ce texte sur sa page Facebook, (13 mars 2020)

« La Speranza en Italie ces jours-ci, c’est un ciel d’un bleu dépollué et provocant, c’est le soleil qui brille obstinément sur les rue désertes, et qui s’introduit en riant dans ces maisonnées qui apprennent à redevenir familles.

La Speranza ce sont ces post-it anonymes par centaines qui ont commencé à couvrir les devantures fermées des magasins, pour encourager tous ces petits commerçants au futur sombre, à Bergame d’abord, puis, comme une onde d’espérance – virale elle aussi – en Lombardie, avant de gagner toute l’Italie : « Tutto andra bene ».

La Speranza c’est la vie qui est plus forte et le printemps qui oublie de porter le deuil et la peur, et avance inexorablement, faisant verdir les arbres et chanter les oiseaux.

La Speranza ce sont ces professeurs exemplaires qui doivent en quelques jours s’improviser créateurs et réinventer l’école, et se plient en huit pour affronter avec courage leurs cours à préparer, les leçons « online » et les corrections à distance, tout en préparant le déjeuner, avec deux ou trois enfants dans les pattes.

La Speranza, tous, qui après les premiers jours d’inconscience et d’insouciance, d’euphorie pour des « vacances » inespérées, retrouvent le sens des responsabilités, et dont on découvre qu’ils savent être graves et civiques quand il faut, sans jamais perdre créativité et sens de l’humour : et voilà que chaque soir à 18h, il y aura un flashmob pour tous… un flashmob particulier. Chacun chez soi, depuis sa fenêtre… et la ville entendra résonner l’hymne italien, depuis tous les foyers, puis les autres soirs une chanson populaire, chantée à l’unisson. Parce que les moments graves unissent.

La Speranza, tous ces parents qui redoublent d’ingéniosité et de créativité pour inventer de nouveaux jeux à faire en famille et ces initiatives de réserver des moments « mobile-free » pour tous, pour que les écrans ne volent pas aux foyers tout ce Kairos qui leur qui offert.

La Speranza – après un premier temps d’explosion des instincts les plus primaires de survie (courses frénétiques au supermarché, ruée sur les masques et désinfectants, exode dans la nuit vers le sud…) – ce sont aussi les étudiants qui, au milieu de tout ça, ont gardé calme, responsabilité et civisme… qui ont eu le courage de rester à Milan, loin de leurs familles, pour protéger leurs régions plus vulnérables, la Calabre, la Sicile… mais surtout qui résistent encore à cet autre instinct primaire de condamner et de montrer du doigt pleins de rage ou d’envie, ceux qui n’ont pas eu la force de se voir un mois isolés, loin de leur famille et qui ont fui.

La Speranza bien sûr, elle est toute concentrée dans cette « camicia verde » des médecins et le dévouement de tout le personnel sanitaire, qui s’épuisent dans les hôpitaux débordés et continuent le combat. Et tous de les considérer ces jours-ci comme les véritables « anges de la Patrie ».

Mais la Speranza c’est aussi une vie qui commence au milieu de la tourmente, ma petite sœur qui, en plein naufrage de la Bourse, met au monde un petit Noé à deux pays d’ici, tandis que tout le monde se replie dans son Arche, pour la « survie », non pas des espèces cette fois-ci, mais des plus vulnérables.

Et voilà la Speranza, par-dessus tout : ce sont ces pays riches et productifs, d’une Europe que l’on croyait si facilement disposée à se débarrasser de ses vieux, que l’on pensait cynique face à l’euthanasie des plus « précaires de la santé » … les voilà ces pays qui tout d’un coup défendent la vie, les plus fragiles, les moins productifs, les « encombrants » et lourds pour le système-roi, avec le fameux problème des retraites …

Et voilà notre économie à genoux. À genoux au chevet des plus vieux et des plus vulnérables. 

Tout un pays s’arrête, pour eux …

En ce Carême particulier, un plan de route nouveau : traverser le désert, prier et redécouvrir la faim eucharistique. Vivre ce que des milliers de chrétiens de par le monde. Retrouver l’émerveillement. Sortir de nos routines …

Et dans ce brouillard total, naviguer à vue, réapprendre la confiance, la vraie. S’abandonner à la Providence. Et apprendre à s’arrêter aussi. Car il fallait un minuscule virus, invisible, dérisoire, et qui nous rit au nez, pour freiner notre course folle.

Et au bout, l’espérance de Pâques, la victoire de la vie à la fin de ce long carême, qui sera aussi explosion d’étreintes retrouvées, de gestes d’affection et d’une communion longtemps espérée, après un long jeûne.

Et l’on pourra dire avec saint François « Loué sois-Tu, ô Seigneur, pour fratello Coronavirus, qui nous a réappris l’humilité, la valeur de la vie et la communion ! »

« Courage, n’ayez pas peur : Moi j’ai vaincu le monde ! Jn 16, 33 « 

Semer l’espérance

Comment en tant que professeur, éducateur ou parent, on peut être semeurs… Un mot du pape pour chacun de nous.

« Il y a une dernière attente que je voudrais partager avec vous: 

la contribution de l’éducation pour semer l’espérance. 

L’homme ne peut vivre sans espérance 

et l’éducation est génératrice d’espérance. 

En effet, l’éducation fait naître, elle fait grandir, 

elle se situe dans la dynamique du don de la vie. 

Et la vie qui naît est la source la plus jaillissante d’espérance; 

une vie tendue vers la recherche du beau, du bon, 

du vrai et de la communion avec les autres 

pour une croissance commune. 

Je suis convaincu que les jeunes d’aujourd’hui ont surtout 

besoin de cette vie qui construit un avenir. 

C’est pourquoi, le véritable éducateur 

est comme un père et une mère 

qui transmet une vie capable d’avenir. 

Pour avoir ce tempérament, il faut se mettre à l’écoute des jeunes: 

le «travail de l’oreille». 

Se mettre à l’écoute des jeunes! 

(…) Ensuite, l’éducation a en commun avec l’espérance 

la même « étoffe » du risque. 

L’espérance n’est pas un optimisme superficiel, 

ni la capacité de regarder les choses avec bienveillance, 

mais elle est tout d’abord savoir risquer de manière juste, 

précisément comme l’éducation. »

Extrait du Discours du pape François à l’assemblée plénière de la congrégation 

pour l’Education catholique (pour les institutions d’enseignements) (9 février 2017)