Comment enseigner à la suite du Maître ?
de Pierre VIANIN et François-Xavier AMHERDT
(Ed. Saint Augustin, Coll. Perspectives pastorales, Suisse 2011, 264 p.)

Ce livre s’adresse aux enseignants de tous niveaux, particulièrement les professeurs de religion, ainsi qu’aux catéchistes. Il nous montre comment Jésus s’y prenait, quelle pédagogie il pratiquait pour faire passer son message.
Le chapitre 1 (p.15 à 66) DEMARCHES ET MODELISATIONS PEDAGOGIQUES
rappelle les théories et les principes de pédagogie générale qui prévalent à notre époque, et dont les grilles d’analyse vont servir à interpréter la « méthode » de Jésus. Les courants constructiviste et humaniste sont privilégiés. Plusieurs schémas illustrent et résument ces théories.
Le chapitre 2 (p. 67 à 166) LA PEDAGOGIE DU CHRIST : aperçu évangélique
m’a paru le plus intéressant. Au plus près du texte, il montre que Jésus s’adresse à plusieurs publics différents (la foule, les disciples, un interlocuteur seul, les pharisiens…) et qu’il adapte sa méthode en conséquence, répondant aux besoins de chacun.
Plusieurs péricopes sont analysées (Les compagnons d’Emmaüs, Zachée, Qui dites-vous que je suis, certains miracles…) Chaque fois les auteurs du livre traduisent en termes pédagogiques les attitudes de Jésus (interrogation/questionnement, apprentissage/enseignement, évaluation formative/ formatrice, bienveillance inconditionnelle, situation-problème, recadrage, etc.) L’éducabilité de tous est soulignée, à condition de s’adresser à chacun à partir de sa situation, de ses représentations.
Le chapitre 3 (p. 167-186) COMMENT LE CHRIST ENSEIGNE : synthèse théologique
est court et constitue un résumé du précédent, en termes plus théoriques. Il présente 8 idées-forces de la pédagogie du Christ :
- Il adapte son message au public à qui il s’adresse
- Il respecte infiniment ses interlocuteurs
- Il croit au principe d’éducabilité
- Il part des représentations de chacun (écoute et non-jugement)
- Il questionne et sa vie pose question
- Il n’hésite pas à se montrer ferme, si nécessaire
- Il utilise la médiation (jeu de présence/absence)
- Il est parfaitement congruent et cohérent
Le chapitre 4 (p. 189-255) POUR UNE « CATECHESE D’ENGENDREMENT » : pistes et attitudes pédagogiques en enseignement religieux
Avoir comme objectif principal : développer la Vie en abondance. Être au service de l’humanité, en lui ouvrant des horizons nouveaux. Enseigner, éduquer, initier, dans le grand chantier de la diversité. Cultiver la joie de la Bonne Nouvelle. On retrouve ici les propositions d’André Fossion et Philippe Bacq. Ce chapitre intéressera particulièrement les professeurs de religion et les catéchistes, mais peut enrichir la relation pédagogique dans toutes les disciplines.
Une bibliographie abondante (13 pages) clôture l’ouvrage, ouvrant des pistes d’approfondissement.
Critique personnelle
D’un abord facile, parfois humoristique, ce livre rappelle utilement des principes tant évangéliques que pédagogiques, prônés dans toutes nos écoles catholiques, mais pas toujours pratiqués au quotidien…
Quelques réserves cependant :
– Dans un louable souci didactique, il y a beaucoup de répétitions. Mais un lecteur n’est pas un élève à qui il convient de dire les choses deux fois (ou davantage) plutôt qu’une. Du coup l’ouvrage paraît un peu dilué.
– On peut se demander si présenter le Christ comme un « pédagogue » n’est pas quelque peu réducteur. Le message du Christ me semble beaucoup plus qu’un « enseignement » : une révéla-tion, une annonce de salut, une anticipation du Royaume… Ou alors peut-être que nos écoles devraient tendre à être cela aussi ?
– Il y a quelques approximations conceptuelles, par exemple considérer une métaphore comme une comparaison (selon Ricoeur c’est très différent) ou assimiler la kénose à l’Incarnation…
Mais ce sont en somme des détails. Construire sa pratique professionnelle en mettant ses pas dans ceux de Jésus ne peut que faire du bien et rendre joyeux !
Présentation réalisée par Marthe Mahieu mars 2021